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Épidémie d’obésité : la faute aux «gros», selon la Fédération des chambres de commerce du Québec 

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Épidémie d’obésité : la faute aux «gros», selon la Fédération des chambres de commerce du Québec

13 mars 2012 |
Dans une lettre publiée en fin de semaine, la présidente-directrice générale de la Fédération des chambres de commerce du Québec, Françoise Bertrand, propose «la modération» en réponse à l’épidémie mondiale d’obésité. Selon Mme Bertrand, les produits comme les boissons gazeuses et énergisantes ne doivent pas «être diabolisés» parce que certains «en abusent».

Ces propos semblent venir d’un autre âge. Devant les preuves qui s’accumulent à l’encontre des boissons sucrées, on peut imaginer que les fabricants de ces produits exercent un lobby intensif à l’endroit de la FCCQ et d’autres associations du même type pour qu’elles défendent leurs intérêts. Cependant, en prenant position pour les fabricants, Mme Bertrand se place du même coup en contradiction avec les positions de la Fédération qu’elle représente.

L’obésité, un problème de finances publiques
D’abord, ne perdons pas de vue l’impact considérable de l’épidémie d’obésité et des maladies qui y sont associées (diabète de type 2, maladies cardiovasculaires, certains cancers) sur les finances publiques du Québec. La FCCQ, qui appuie les efforts gouvernementaux pour le retour à l’équilibre budgétaire, ne saurait être insensible à ce fardeau supplémentaire, qui ajoute à la pression qu’exerce déjà le secteur de la santé sur les finances de la province.

Mme Bertrand déplorait d’ailleurs la semaine dernière que «comme société, nous ne pouvons soutenir des augmentations annuelles des coûts de santé supérieures à notre enrichissement collectif». La réduction des coûts de santé passe entre autres par l’amélioration de l’offre alimentaire à la disposition des citoyens.

Les boissons sucrées, pointées du doigt partout dans le monde
Comme plusieurs autres, Mme Bertrand souligne que les boissons sucrées ne sont pas les seuls aliments qui expliquent l’apport calorique trop élevé qui cause l’obésité. Ce qui distingue toutefois les boissons sucrées, c’est qu’elles ont fait l’objet de plusieurs études scientifiques d’envergure, démontrant clairement leur association avec l’épidémie d’obésité. Une telle démonstration scientifique, qui n’existe pas pour d’autres produits alimentaires, rend légitime l’action des pouvoirs publics à l’égard des boissons sucrées.

De plus, qu’en est-il de la modération du marketing intensif des fabricants de boissons sucrées? Comment toutes les campagnes de sensibilisation et d’éducation pourraient concurrencer les millions dépensés chaque année par cette industrie pour faire augmenter la consommation de ses produits? À elles seules, les boissons énergisantes connaissent une croissance fulgurante de leurs ventes qui atteignent maintenant 7 millions d’unités chaque mois au Canada.

Le débat de fond doit donc se poursuivre : comment favoriser l’adoption de saines habitudes de vie tout en préservant le libre choix de chaque individu à l’égard de ce qu’il consomme? Pour la Coalition Poids, l’appel à la modération de la FCCQ a déjà montré ses limites, comme en font foi les statistiques inquiétantes relatives à l’obésité. Il est maintenant temps d’envoyer un signal fiscal clair en imposant aux fabricants de boissons sucrées une redevance sur leurs produits pour contrebalancer l’impact de ceux-ci sur les finances publiques du Québec. D’ailleurs, depuis la semaine dernière, l’ONU recommande aux pays membres de taxer les boissons sucrées pour en réduire la consommation et financer l’accès aux aliments sains.
Marion Saucet
Analyste-recherchiste en marketing alimentaire à la Coalition Poids
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