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Assurer une mobilité durable, active et sécuritaire même en hiver 

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Assurer une mobilité durable, active et sécuritaire même en hiver

Réaction : Longueuil envisage de limiter le déneigement à un trottoir sur deux

2 juillet 2020 |
Ayant appris, le 17 juin dernier dans La Presse , l’intention du conseil municipal de limiter le déneigement à un trottoir sur deux dans les secteurs résidentiels, la Coalition québécoise sur la problématique du poids (Coalition Poids), Piétons Québec et Vivre en Ville unissent leurs voix pour vous recommander de revoir cette décision.

Le déneigement et le déglaçage des trottoirs sont des opérations de grande importance afin d’assurer aux piétons des déplacements sécuritaires et conviviaux. Entretenir un seul côté de trottoir dans certains secteurs, pour des raisons économiques, créera des inégalités d’accès pour plusieurs citoyens et plus particulièrement pour les personnes à mobilité réduite et les aînés. Cette décision limite les déplacements actifs dans les quartiers et est contradictoire avec la Politique de saines habitudes de vie de la ville, adoptée en 2016. En effet, l’axe 1 de la politique vise à fournir « des aménagements favorables à un mode de vie physiquement actif » à ses citoyens, notamment en assurant « des corridors piétonniers conviviaux et sécuritaires en toute saison ». La politique souligne également l’accessibilité parmi les cinq valeurs « qui guident les interventions municipales des acteurs impliqués dans les décisions et les gestes à poser au quotidien ».

En renonçant à entretenir les trottoirs en totalité ou en partie, on force les piétons à côtoyer les véhicules motorisés sur la rue, une situation jugée non sécuritaire. Cela s’ajoute à la vulnérabilité accrue des piétons l’hiver, due à la visibilité réduite, causée par des journées plus courtes, et à l’accumulation de neige. Soulignons aussi que ce sont les piétons les plus à risque, tels que les aînés, les personnes à mobilité réduite et les jeunes familles, qui sont affectés directement par la réduction de l’accès aux infrastructures l’hiver.

Au Québec, l’obésité abdominale a pratiquement doublé en 30 ans. C’est plus de 4 millions de Québécois.es qui sont obèses ou en embonpoint et plus d’un enfant sur 4 qui est en surpoids. À elle seule, l’obésité coûte près de 3 milliards de dollars par année à l’État. Elle est également un important facteur de risque associé à plusieurs maladies chroniques. Même si elles n’ont pas de responsabilité formelle en matière de santé, les municipalités occupent un rôle stratégique dans prévention et la réduction de l’obésité, en créant des milieux de vie favorables à la santé et au mieux-être de la population.

La façon dont les villes sont aménagées agit sur la pratique d’activité physique des citoyens. Les résidents des quartiers aménagés pour la marche font entre 35 et 45 minutes d’activité physique de plus par semaine que les gens de milieu socioéconomique similaire habitant des quartiers peu favorables à la marche. Ils sont aussi moins enclins à souffrir d’embonpoint ou d’obésité. Les municipalités conçues en fonction de la vie de quartier, qui offrent notamment davantage d’occasions de marcher favorisent également les interactions sociales entre les résidents ainsi que la participation de leurs citoyens à la vie politique et sociale, ce qui entraîne habituellement une meilleure santé physique et mentale. En plus d'augmenter le risque de chutes et de blessures, le mauvais état des trottoirs l'hiver est associé, chez les personnes âgées en particulier, à une baisse de la pratique de la marche qui génère par ailleurs un problème d'isolement.

La marche est une activité à la portée de tous. Non seulement elle est l’activité physique la plus fréquente et la plus répandue chez les jeunes et les adultes, mais elle est la composante essentielle de la mobilité urbaine. Chaque kilomètre parcouru à pied sur une base quotidienne est associé à une diminution de presque 5 % de la probabilité d’être obèse. En assurant une mobilité durable, active et sécuritaire à tous ses citoyens, en toute saison, la Ville de Longueuil investit dans l’avenir de sa communauté. L'entretien des infrastructures devrait viser l’équité entre les différents usagers, les piétons sont des usagers de la route et ne disparaissent pas l’hiver. La réalité des villes nordiques doit faire en sorte que le partage de la rue soit planifié de façon équitable, et ce pour les quatre saisons de l’année. Dans cette logique, l’option de réduire les dépenses municipales en renonçant à déneiger un côté de trottoir sur les rues locales ne peut tout simplement pas être envisagée.

Ainsi, la Coalition Poids, Piétons Québec et Vivre en Ville invitent le conseil municipal à préserver le déneigement de tous les trottoirs du territoire de Longueuil au nom de la santé, de la sécurité, de l’équité et de l’environnement.

Nous sommes tous piétons !
Signataires
Corinne Voyer, directrice Coalition québécoise sur la problématique du poids Jeanne Robin, porte-parole Piétons Québec Christian Savard, directeur général Vivre en Ville
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